Les îles du salut
A une grosse
heure de bateau de Kourou, cet endroit aujourd'hui
paradisiaque, fut un véritable enfer pour des milliers
de bagnards qui y ont séjourné entre 1852 et 1954, date
de fermeture définitive du bagne en Guyane. Environ 60 000 hommes et femmes ont en effet traversé l'océan à fonds de cales, pour arriver à St Laurent du Maroni et être dispersés dans les divers bagnes de Guyane. Lorsqu'on aborde à l'île Royale, on a du mal à imaginer comment vivaient les quelques 20 à 30 000 bagnards qui y sont restés et pour la très grande majorité, y sont morts ! Impossible de s'évader (ou presque), les requins étaient très nombreux à l'époque. Les morts étaient d'ailleurs jetés en pâture aux requins qui rappliquaient au son de la cloche annonçant le festin... |
De loin, les îles du salut prennent un air de crocodile... |
De plus près, c'est un vrai coin de paradis
Les
vestiges, aujourd'hui entretenus, sont le pénitencier,
la chapelle, l'hôpital et quelques bâtiments en ruine.
Avec un peu de chance, vous retrouverez peut-être ce dessin
de bagnard sur un des murs de l'hôpital de l'île Royale,
comme je l'ai vu en 1985. |
Tous les bagnards arrivaient sur l'île Royale en attendant d'être affectés sur une des trois îles en fonctions de leurs positions : |
Les "Politiques" sur l'île du Diable
Réservée
uniquement au capitaine Dreyfus (il y resta seul durant 5
ans !), condamné en 1895 pour haute trahison,
il se consacra à la méditation sur l'unique banc à sa
disposition. Reclus dans une case isolé de la mer par une
palissade qu'il n'avait pas le droit de franchir, mis aux
fers toutes les nuits et maintenu dans un silence
absolu (l'approvisionnement en nourriture lui
parvenait de l'île Royale par un câble tendu au dessus
des vagues), il en ressorti totalement brisé au bout de
5 longues années. Aujourd'hui, très difficile d'accès, l'île du Diable est certainement celle qui reste la plus proche de la légende du bagne aux îles du salut. |
Les "Réclusionnaires" sur l'île St Joseph
Un
séjour dans le "bagne du bagne" était
redoutable et plus que redouté ! La détention pouvait
aller de quelques mois à cinq ans, dans des
cachots de deux mètres carrés, avec des rations réduites
et l'interdiction absolue de communiquer. Indescriptible, il faut y aller pour ressentir le poids du passé... |
D'autres bagnards
moins célèbre ont marqué l'histoire du bagne en Guyane.
Pour ma part, je préfère un certain Achille Beulaygue, qui bien que repris 19 fois, tenta une vingtième
fois la "belle", la bonne !
Pas de moustiques, une eau
claire et chaude, des palmiers fantastiques, et une histoire qui flotte, mais quelle histoire ! |